La goutte en Polynésie est un phénomène qui atteint des proportions alarmantes, avec des estimations d’hyperuricémie très élevées.
Explorez dans cet article les particularités polynésiennes de la crise de goutte, ses déclencheurs, ses conséquences, et découvrez des stratégies de prévention et de prise en charge adaptées.
Crise de goutte et hyperuricémie : définitions et mécanismes
Qu’est-ce qu’une crise de goutte ?
Une crise de goutte survient souvent la nuit, avec une douleur intense, une rougeur et une chaleur locale. L’articulation la plus fréquemment touchée est la base du gros orteil, mais d’autres localisations (cheville, genou, poignet) sont possibles.
Pour aller plus loin sur les actions à mener pour atténuer les désagréments de la maladie, lisez ou re-lisez mon article « Comment stopper une crise de goutte ? » Lors d’une crise, la douleur s’intensifie rapidement en quelques heures, puis décroît progressivement sur quelques jours à une semaine, selon la gravité.
Goutte – Rôle de l’hyperuricémie
L’hyperuricémie est le point de départ de la goutte : lorsque le taux d’acide urique dépasse un seuil, des cristaux d’urate de sodium peuvent se former dans les tissus articulaires et déclencher une inflammation.
Il est important de noter qu’un taux élevé d’acide urique ne conduit pas nécessairement à une crise : de nombreuses personnes hyperuriques atteintes de goutte n’en souffrent jamais. En revanche, pendant une crise, l’uricémie peut même être normale.
Acide Urique – Mécanismes biologiques impliqués
L’élimination de l’acide urique passe principalement par les reins, via des transporteurs spécifiques (URAT1, GLUT9, autres). Des variations génétiques chez les Polynésiens peuvent réduire cette élimination, favorisant la rétention d’acide urique.
Par ailleurs, un changement rapide du taux d’acide urique (à la baisse ou à la hausse) peut libérer des cristaux latents et déclencher une crise — c’est un phénomène bien documenté dans les guides de conduite thérapeutique.
L’élimination de l’acide urique passe principalement par les reins, via des transporteurs spécifiques (URAT1, GLUT9, autres). Des variations génétiques chez les Polynésiens peuvent réduire cette élimination, favorisant la rétention d’acide urique.
Goutte en Polynésie – Épidémiologie : données mondiales et polynésiennes
Tendances mondiales
La goutte touche environ 1 à 4 % des adultes dans de nombreuses régions, et la prévalence augmente avec l’âge, l’obésité, et le syndrome métabolique. Un article de revue scientifique l’indique précisément, et met en lumière cette interdépendance pour le diagnostic et l’approche thérapeutique.
Crédits vidéo YouTube : © Polynésie La 1ère
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Goutte – Spécificité polynésienne

En Polynésie française, l’enquête épidémiologique Ma’i u’u menée en 2021 par l’ISPF en partenariat avec la Direction de la Santé estime une prévalence de goutte proche de 26,5 % soit 52.110 personnes, et une hyperuricémie de 71,6 % soit 128.000 personnes environ. Ces chiffres illustrent l’ampleur du problème sur nos îles, nettement au-dessus de la moyenne mondiale.

Goutte – Comparaisons régionales
En Nouvelle-Calédonie, la prévalence est estimée à ~ 3,3 % mais les populations polynésiennes qui y sont installées montrent des taux plus élevés selon l’ethnie (jusqu’à ~6-7 %). Ces données renforcent l’hypothèse d’une vulnérabilité génétique dans les populations insulaires d’origine polynésienne.
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Goutte en Polynésie – Facteurs de risque pour la crise de goutte
Prédisposition génétique

La présence de variants dans les gènes des transporteurs urinaires chez les Polynésiens constitue une des causes majeures de la rétention d’acide urique, favorisant l’apparition de crises.
Facteurs “classiques”
Parmi les principaux facteurs favorisants la goutte, on peut citer :
- Hypertension, diabète, obésité
- Insuffisance rénale
- Médicaments (diurétiques, etc.)
- Apport élevé en purines (viandes rouges, abats, crustacés)
- Boissons sucrées/fructose
- Alcool (notamment bière)
- Déshydratation ou jeûne
- Changement brusque du taux d’uricémie
Je vous conseille vivement de lire ou relire l’article : « Acide urique – Ce que vous devez manger », qui détaille bien les relations alimentaires avec l’hyperuricémie.
Effets des comorbidités
Chez les Polynésiens atteints de maladies chroniques (insuffisance rénale, maladie cardiovasculaire), le risque est multiplié, et les choix thérapeutiques doivent être prudents en raison des interactions médicamenteuses et de la sensibilité organique.
La Goutte – Manifestations, diagnostic et complications
Symptômes d’une crise de goutte
La crise débute typiquement la nuit, avec une douleur aiguë sur une articulation. Elle atteint son intensité maximale en 6 à 12 heures, puis diminue graduellement. La crise est souvent unilatérale (monoarthrite).
Pour les symptômes, le diagnostic et l’évolution, je vous invite à consulter la page “Symptômes, diagnostic et évolution de la goutte” sur le site d’Ameli.fr
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Goutte – Diagnostic
Le diagnostic repose sur :
- L’interrogatoire clinique (récurrence, localisation, facteurs déclenchants)
- La recherche d’un tophus
- Le dosage urique (mais attention aux fluctuations en crise)
- La ponction articulaire avec examen au microscope pour identifier des cristaux d’urate (diagnostic de certitude)
Cet article scientifique est particulièrement recommandé pour le diagnostic et les critères : « La goutte » dans PMC.
Goutte – Complications possibles

© NickGorton, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons
Si elle n’est pas traitée, la goutte peut évoluer vers :
- Récurrences fréquentes
- Goutte chronique avec tophus et destruction articulaire
- Calculs rénaux d’acide urique
- Insuffisance rénale aggravée
- Majorations du risque cardiovasculaire
Dans les formes avancées, les tophi peuvent apparaître sur les doigts, les coudes, les tendons, ou les pavillons d’oreille.
Cet article de Wikipédia explique bien ce qu’est un tophus (ou des tophi au pluriel) : Tophus
La Goutte – Stratégies de prévention et traitement
Goutte – Mesures non médicamenteuses
Pour limiter les crises, il convient d’appliquer les mesures de prévention suivantes :
- Hydratation régulière (1,5 à 2 L/j selon les conditions rénales)
- Maintien ou perte de poids si surpoids
- Activité physique modérée (marche, tai chi, natation)
- Alimentation adaptée
- Surveillance régulière de l’uricémie et fonction rénale
Pour approfondir les conseils nutritionnels, l’article « Les meilleurs aliments anti-inflammatoires contre la goutte » (sur mon blog) est une ressource précieuse.
Crise de Goutte – Alimentation et Déclencheurs

Génétique, bière et malbouffe favorisent la goutte en Polynésie française
Les aliments à limiter ou supprimer :
- Viandes rouges, abats
- Crustacés
- Boissons sucrées/fructose
- Alcool (bière, spiritueux)
Les aliments à favoriser :
- Produits laitiers faibles en gras
- Légumes et céréales complètes
- Fruits très sucrés avec modération
- Apports raisonnés en vitamine C sous contrôle médical
L’article « Faut-il éviter les grains entiers si j’ai la goutte ? » sur le blog aborde justement certaines tolérances alimentaires.
Goutte – Traitement de la crise aiguë
Lors d’une crise :
- Initiation rapide (< 24 h)
- AINS (si pas de contre-indication)
- Colchicine à dose adaptée
- Corticoïdes (oraux ou infiltration) si nécessaire
- Repos et glaçage de l’articulation
- Ne pas commencer un traitement hypouricémiant de fond durant la crise, sauf avis spécialisé
Un bon complément de lecture : l’article « À quoi sert la colchicine ? » sur crise-de-goutte.fr vous permettra de comprendre pourquoi ce médicament est utilisé pendant la crise.


Goutte – Traitement de fond hypouricémiant
Pour prévenir les récidives :
- Allopurinol : médicament de référence, utilisé à dose progressive, avec suivi de tolérance et fonction rénale
- Febuxostat : alternative si l’allopurinol n’est pas toléré
- Uricosuriques selon le profil du patient
- Pendant les premiers mois, souvent une faible dose de colchicine ou AINS est ajoutée pour éviter les “crises sous traitement”
La stratégie est de maintenir un taux d’acide urique bas (selon les normes, il varie de 40 à 60 mg/L pour un homme, et de 30 à 50 mg/L pour une femme).
Goutte – Particularités et précautions en Polynésie
- Ajuster les doses selon la fonction rénale
- Suivi renforcé pour les effets secondaires
- Formation des médecins locaux aux spécificités génétiques
- Combiner rigoureusement un bon mode de vie et un traitement médical.
Goutte – Recommandations pratiques pour les patients polynésiens
Suivi médical
- Dosage régulier de l’acide urique et de la fonction rénale
- Bilan cardiovasculaire complet
- Adaptation des traitements selon les interactions et les comorbidités
Repérage des signaux d’alerte
- Douleur soudaine et intense dans une articulation
- Rougeur, chaleur locale
- Réapparition fréquente des accès goutteux
- Nodules (tophus) visibles ou palpables
En cas de doute, consultez rapidement un professionnel de santé.
Conseils nutritionnels & mode de vie
- Boire suffisamment d’eau (2 à 3 L par jour)
- Limiter les aliments à purines
- Pratiquer une activité modérée régulière
- Contrôler le poids
- Adapter l’alimentation selon les tolérances individuelles
Importance de l’adhésion thérapeutique
- L’acceptation du traitement par le patient est la clé de la réussite du traitement à long terme
- Le traitement de fond doit être poursuivi même en l’absence de crise
- Informer le patient des bénéfices attendus et des effets possibles
- Maintenir un suivi régulier pour s’assurer de l’observance du traitement
Goutte – Limites & perspectives
Goutte en Polynésie – Limites des connaissances
- Peu d’études longitudinales en milieu polynésien
- Sous-diagnostic et sous-traitement sont fréquents
- Données génétiques locales sont limitées
Prise en charge de la goutte chez les polynésiens – Orientations en santé publique
- Dépistage ciblé des populations à risque
- Éducation adaptée pour les territoires insulaires
- Meilleure couverture des traitements hypouricémiants
- Protocoles nationaux adaptés à la Polynésie
Traitement de la Goutte en Polynésie – Perspectives de recherche
- Études génomiques fines
- Études de cohortes pour valider l’efficacité des protocoles
- Innovations thérapeutiques (nouveaux inhibiteurs, biomarqueurs)
Bibliographie & références
- « Comment stopper une crise de goutte ? » — article du blog crise-de-goutte.fr
Cet article détaille les méthodes pour soulager rapidement une crise (AINS, colchicine, repos, glaçage), la durée habituelle d’une crise, et les signes de gravité qui imposent une consultation.
- « Acide urique – Ce que vous devez manger » — article sur crise-de-goutte.fr
Il explore les aliments qui influencent l’acide urique, les choix nutritionnels à privilégier ou à éviter, et comment l’alimentation modifie le risque de crise.
- « Les meilleurs aliments anti-inflammatoires contre la goutte » — mon article sur crise-de-goutte.fr
Cet article présente une sélection d’aliments ayant des propriétés anti-inflammatoires qui peuvent aider à modérer la douleur articulaire et l’inflammation.
- « À quoi sert la colchicine ? » — article de crise-de-goutte.fr
Il décrit le mécanisme, les usages, les précautions et les limites de la colchicine dans la crise de goutte.
Un guide officiel de l’assurance maladie française détaillant les symptômes, le diagnostic, l’évolution et les complications de la goutte.
- “La goutte” — article PMC (revue scientifique)
Revue détaillant le diagnostic, les facteurs de risque, l’épidémiologie et les recommandations pour le traitement de la goutte.
- “Prévalence de la goutte : un record mondial dont la Polynésie se passerait bien” — article de la Revue du Rhumatisme (revue scientifique)
Abstract sur l’étude ayant permis de collecter les premiers éléments épidémiologiques sur la maladie de la goutte en Polynésie française, et son lien aux comorbidités et facteurs du comportement alimentaire.
Conclusion
La goutte en Polynésie française représente un défi majeur, particulièrement chez les personnes obèses et/ou diabétiques, du fait de la forte prévalence d’hyperuricémie et de la dimension génétique locale.
Une stratégie proactive, combinant hygiène de vie, détection précoce et traitement individualisé, est essentielle pour limiter les crises, préserver la mobilité et prévenir les complications.
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Publié : 31 octobre 2025 • Mots-clés : crise de goutte alimentation et déclencheurs; allopurinol et effets secondaires; soins préventifs contre la goutte population insulaire; liens entre goutte et maladies chroniques polynésie;






